À Pasadena, le Bayern Munich a étrillé les semi-professionnels d’Auckland City 10-0, la plus large victoire jamais vue en phase de groupes. Kingsley Coman a ouvert le score avant qu’un Jamal Musiala entré à l’heure de jeu ne signe un triplé éclair. Les Bavarois ont cadré dix-sept tirs ; leurs adversaires, un seul. Un écart qui rappelle les premières éditions de la Ligue des champions lorsque les géants européens affrontaient, au même stade, des clubs amateurs venus d’îles lointaines.
Le même jour, le Paris Saint-Germain a balayé l’Atlético de Madrid 4-0 : Fabián Ruiz, Vitinha, le jeune Mayulu et Lee Kang-In ont plié l’affaire sans réelle résistance espagnole. Le score est moins vertigineux que celui du Bayern, mais le rapport de forces fut tout aussi déséquilibré entre deux clubs supposés rompus au très haut niveau. L’impression visuelle alimente la crainte d’un tournoi où l’élite creuse l’écart même face à ses pairs.
La nouvelle mouture à 32 équipes, calquée sur la Coupe du monde des nations, promettait diversité et suspense ; elle accouche pour l’instant de gouffres sportifs. Le tirage au sort ne protège ni les petites équipes ni le spectacle : le champion d’Océanie se retrouve dans la même poule qu’un ogre européen, alors qu’un système de têtes de série, comme en Ligue des champions, aurait pu amortir le choc.
Au-delà du terrain, l’argent accentue les tensions. Sur les deux milliards de dollars de recettes brutes projetées, près de 70 % devraient finir dans les caisses des douze représentants européens. Pour les outsiders, la simple participation couvre tout juste les frais de déplacement ; pour les mastodontes, elle finance une profondeur d’effectif qui fait la différence quand les matches s’enchaînent tous les trois jours.
Plusieurs solutions émergent : introduire un vrai système de chapeaux pour éviter un Bayern-Auckland bis, imposer un tour préliminaire aux clubs les moins cotés ou instaurer des plafonds salariaux périphériques au fair-play financier existant. La FIFA étudie aussi la redistribution d’une part fixe des primes afin de réduire le fossé budgétaire. Reste à savoir si ces correctifs suffiront à équilibrer une compétition dont la vocation est mondiale mais dont la réalité, après seulement deux journées, paraît à sens unique.
Personne ne conteste l’attrait d’un 10-0 ou d’un 4-0 pour les diffuseurs ; encore faut-il que les supporters, surtout ceux des « petites » équipes, y trouvent leur compte. À l’heure où la saturation du calendrier fait déjà peser un risque sanitaire sur les joueurs, prolonger le show sans corriger ses déséquilibres pourrait bien tuer l’intérêt sportif qu’il prétend nourrir. La balle est désormais dans le camp de la FIFA : adapter le format ou assumer un tournoi à plusieurs vitesses.
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